#. Libération / 25 avril 2003
Evidemment, on trouvera à redire à la Réalité.
Sa pochette est gênante. La voix du chanteur aussi montre
des faiblesses, un timbre grinçant dont le manque d'amplitude
limite le charme acide qu'on trouvera chez un Brian Molko. Elle
peut même s'avérer irritante, ainsi traitée
au naturel, mate, sans efforts de séduction. Comme un
langage à acquérir, elle exige beaucoup de l'auditeur.
Mais, une fois familiarisé avec elle, on entre dans une
écriture, un tourment et un mouvement rares. La Réalité
est un disque ambitieux et exigeant, fait de chansons qui se
fichent des contextes, des poses et des formats.
Improvisations. Tournant le dos au mimétisme générationnel,
Raphaël défriche son propre terrain sans se soucier
des voies déblayées. Avec ce deuxième album,
la teigne androgyne aurait pu, en effet, persévérer
dans la brèche rock FM que lui ouvrait la vitalité
rageuse d'Hôtel de l'univers, premier disque qui clamait
ses indignations coupables sous un arsenal de guitares saturées.
Au lieu de cela, il livre douze chansons dont l'apparente déstructuration
s'appuie sur des pianos détunés, percussions asiatiques
et guitares fantômes.
Réalisé par Jean Lamoot, maître d'oeuvre
du dernier Bashung, la Réalité a vu sa partition
transfigurée selon les lois aléatoires d'une distribution
de cartes à la Brian Eno. Réunissant un éventail
composite de musiciens, l'enregistrement s'est construit sur
un jeu d'improvisation éclatée. Où domine
la basse élastique et organique de Simon Edwards. Avec
sa puissance mélodique, l'ex-membre de Talk Talk donne
une impulsion à la batterie de Mathieu Rabaté
(Vanessa Paradis), aux guitares électrique d'Adrian Utley
(Portishead) et mandingue de Djeli Moussa Kouyate (Salif Keita),
percussions thaïlandaises et claviers d'Arno Devos (Bashung),
synthétiseurs, pianos et orgues du non-moins courtisé
Albin de la Simone (Mathieu Boogaerts).
Fluide. En vingt-quatre jours, tout était bouclé,
jusqu'à ce que Mike Garson accepte de jouer la note finale.
Croisé dans les loges de David Bowie, le pianiste, dont
la folie russe traversait en 1973 Aladdin Sane, demanda au jeune
fan d'écouter ses maquettes et de lui traduire ses textes.
«Il m'a dit : "Je vois beaucoup de peine là-dedans."
Le lendemain, il se rendait au studio avec ses partitions.»
L'écriture de Raphaël procède d'une même
fluidité. «C'est parfois long pour mettre la machine
en route, mais très rapide ensuite. Ecrire me prend le
temps qu'il faut pour lire un texte. Je déroule le fil
et me vide en cinq minutes. J'ai besoin d'être clair et
sobre. Une bière et c'est foutu.» Commencée
à l'automne 2001, la composition s'est achevée
l'été suivant. «Ce sont des chroniques de
la petite enfance», dit Raphaël. Avec son atmosphère
de déliquescence d'un monde ancien, Au temps des colonies
reproduit une lettre que le garçon écrivait à
sa mère quand il se morfondait en vacances. «Durant
l'enfance, on est doué d'une réelle acuité
et en même temps d'une immense crédulité.
Avec cette impression que l'horizon est un décor en papier
qu'on peut arracher de la main.»
Mystère. Baignées d'un univers à la Kerouac,
ce sont aussi des chansons de fraternité, de compagnons
d'Abyssinie. «La route relève chez moi du voyage
imaginaire de l'enfant malade. J'essaie toujours de trouver
un copain pour aller à l'autre bout du monde percer des
coffres-forts. Mais ces pays purs, lointains et sauvages sont
un fantasme rousseauiste. On naît quelque part et on ne
peut se défaire de ses habitudes», expose le fils
d'avocats qui écrit Sur la route (en duo avec Jean-Louis
Aubert) en voyant deux vendeurs de roses dans un train de nuit
à Bruxelles, le 31 décembre 2001.
Insouciantes et inquiètes, les chansons de Raphaël
sont également travaillées par un mystère
qu'elles n'essaient pas de résoudre. Le meilleur titre
de la Réalité se déploie ainsi. Composé
sur un texte de Gérard Manset, la Mémoire des
jours est une berceuse d'une beauté terrible et hypnotisante.
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#. 20 Minutes / 22 avril 2003 / Raphaël, lange du
rock repasse
"Les médisants prétendent que Raphaël
fut lancé, il y a trois ans, dans le but de concurrencer
Damien Saez, chantre de la nouvelle génération
de rockers pour ados. Leur point commun? Fustiger, entre autres,
la société de consommation sur des accords de
guitare bruts. Pour le reste, cest chacun son univers.
Avec son nouvel album, "La Réalité",
qui fait suite à "Hôtel de lunivers",
Raphael se démarque définitivement de Saez. Les
guitares saturées ont laissé place à un
piano profond. Sur des musiques pop-rock mélodieuses,
parfois même country, Raphael cisèle son style
tout en clair-obscur, dans une ambiance de quais de gare brumeux,
le chanteur de 26 ans, à la gueule dange androgyne
et à la voix blessée, évoque le siècle
passé et fustige la rudesse du monde.
Touchant. " _I. P._
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#. RockMag / avril 2003 / Raphaël, 2e
"Un peu plus de deux ans après Hotel de l'univers,
Raphael Haroche revient avec La réalité. Plus
varié, moins électrique mais plus produit que
le précédent, ce 2e album enregistré entre
septembre et octobre 2002 au studio Ferber à Paris comprendra
douze titres dont Il ira loin déjà entendu sur
la dernière tournée, La mémoire des jours
et Etre Rimbaud écrit par Gerard Manset, ainsi que Sur
la route en duo avec Jean-Louis Aubert.
Sortie prévue le 22 avril."
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#. Multimédia-madison nuggets
"La Réalité":
UN OVNI! Tel est bien ce à quoi ressemble cette "Réalité"
signée Raphaël . D'une Poésie rare, cet album
n'a rien de la variété kleenex ou du joujou préfabriqué.
Raphaël Haroche soupèse chaque mot, chaque son,
chaque souffle. Rien d'étonnant à ce que l'immense
gérard Manset en personne participe sur 2 titres à
ce disque magique, intemporel et beau. Les premières
secondes de "comme un homme à la mer" suffisent
à ce que chacun comprenne immédiatement les valeurs
qui habitent cet Auteur-Compositeur-Interpréte de grand
calibre. A la fois violentes et touchantes, percussives et imagées,
les paroles de Raphaël font mouche. Comme cette voix, très
légèrement nasillarde, qui souligne les mots et
les maux d'un chanteur vraiment hors du commun. A découvrir
d'urgence.